|
|
||
|
84 MEMOIRES OE PIERRE OB L ESTOILE.
faim, commencerent à chasser aux enfans comme aux chiens, et en mangèrent trois : deux à l'hostel Saint-Denis et un à l'hostel de Palaiseau; et fust commis ce cruel et barbare acte dans l'enceinte des murailles de Paris, tant l'ire de Dieu estoit embrasée sur nos testes. Ge que tenant du commencement pour une fable, pour ce qu'il me sembloit que hoc erat atrocius vero, j'ai trouvé depuis que c'estoit verité, confessé et tesmoingné par la propre bouché des lansquenets. De moi, j'ai oui tenir ceste proposition à un grand catholique de Paris qui estoit dn conseil des Neuf, qu'il y avoit moins de danger de s'accommoder d'un enfant mort en telle necessité, que de recongnoistre le Bearnois, estant heretique comme il estoit ; et que de son opinion estoient tous les meilleurs théologiens et docteurs de Paris, et entre autres monsieur son curé, ejui estoit celui de Saint-An-dré-des-Ars.
Le mecredi 29 aoust 1590, madame Louvet refusa de M. de Rochefort vingt-cinq escus d'un minot de bled, le lui voulant vendre trente escus. Et le samedi suivant, qui estoit le premier septembre et le troisiesme du siege levé, elle envoya offrir à M. de Gland, mon beau frere, une mine de bled pour sept escus.
Ce jour, M. Cotton, M. Desforneaux et moi ob-tinsmes un passeport de M. de Nemoux pour sortir nous et nostre train hors de Paris : car nous estions à la fin de nostre pain, au moins moi, qui avois ja composé avec le capitaine Saint-Laurens à cinquante escus, pour me rendre en seureté là ou je voudrois aller. Mais le siege fust levé le lendemain matin, qui estoit le jeudy 3o aoust 1590, y aiant esté mis le septiesme may audit an 1590; et par ainsi fusmes ar-
|
||
|
|
||
|
Digitized by Google
|
||
|
|
||